Le Marathon du Médoc conté par Alain. À mi-chemin entre running et œnologie de haut niveau !

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Souvent on entend dire que « tel marathon » ou « tel marathon » est particulier. Et je pense que c’est exact. Et je dirais même qu’il y en a, qui sortent de l’ordinaire. N’avez-vous pas vu ou lu que le Médoc est le marathon du plus long du monde, voir la pub. Pour l’avoir fait plusieurs fois sur une durée de 25 ans je peux vous assurer qu’il sort de l’ordinaire.

Tout d’abord à l’inscription, première épreuve, pour environ 9000 à 9500 places il y a plus de 50 000 demandes avec environ 65 nationalités participantes. Si vous n’êtes pas passé par une agence qui vous vend un pack complet incluant hébergement et visites locales, généralement réservé aux étrangers, vous vous inscrivez par Internet comme à la plupart des courses. Oui mais ! il y a bien plus de demandes que de places. Sur le site il est précisé, comme sur tous les sites « ouverture des inscriptions en …» alors je vous le dis confidentiellement ouverture en mars. Vous le savez maintenant. Mais si je vous rajoute que j’ai fait ainsi un certain jour à une certaine heure et les 2 dernières participations j’ai reçu le soir un mail de confirmation : « nous vous confirmons que vous êtes inscrit au marathon de cette année. Sachez qu’en 2 heures les inscriptions étaient closes ». Mais vous le savez maintenant les inscriptions c’est en mars !!!! Mais quel jour et quelle heure ? Premier défi.

Deuxième particularité, il n’y a pas de grand crack, ni de record, ni de prime aux vainqueurs. D’ailleurs le premier homme met environ 2h 25’ et la première femme autour de 3h. Donc pas besoin de vous mettre la pression pour faire un temps. Et même avec un temps supérieur à vos habitudes vous pouvez avoir un classement étonnant. Pour exemple, j’ai fait mes derniers marathons autour de 5h et avec 6h 13’ je fais 3196ème sur 7547 classés. A noter qu’environ 1000 terminent après 7h et sont classés malgré un temps limite dépassé. Mais certains ont fait sans doute de mauvaises rencontres ou une mauvaise préparation et n’ont pu terminer. Espérons qu’ils ont pu trouver une autre satisfaction !!!!

Troisième particularité, c’est le marathon le plus long du monde. Pourquoi ? le circuit fait les 42 km et quelques, comme les autres marathons, mais il traverse des zones où on te tend un verre pour goûter (attention par pour boire), et l’être humain étant curieux il découvre. Et même souvent c’est pas mal, c’est bon j’oserais dire. Alors l’être humain recommence et puis recommence. C’est bien parce qu’il améliore ses connaissances, sa culture en quelque sorte. L’être humain découvre aussi. On pourrait dire aussi qu’il se cultive. Oui mais à chaque fois l’être humain doit s’écarter de son circuit le plus direct, le plus court. Et comme il a la possibilité de se cultiver, de s’instruire dix fois quinze fois, (après je n’ai pas compté, mais certains disent qu’on peut arriver à 20), Il allonge ainsi la distance initiale et c’est le raison pour laquelle c’est la marathon le plus long du monde. Donc c’est à retenir le marathon le plus long du monde

Quatrième point, les ralentisseurs et les embouteillages. Et oui tu ralentis ton allure à cause de ça aussi. Sur tout le parcours il y a des ravitaillements avec boissons et aliments sucrés comme dans beaucoup de courses, même plus que dans beaucoup de courses. Mais le circuit dans des paysages magnifiques traverse aussi des châteaux dont certains ont des jardins et des bâtiments mieux que splendides et même quelques chais dont certains somptueux, oui. Alors naturellement l’être humain ralentit, s’arrête parfois et marche. Et quand il y a une dizaine, plusieurs dizaines, des centaines d’êtres humains qui ralentissent ou marchent, ça fait quoi ? des bouchons, des embouteillages. Si tu rajoutes presque à chaque château un groupe musical, bandas ou autres groupes de soixantenaires ou septuagénaires qui te crachent avec précision et d’énormes décibels du Deep Purple, du Status Quo, du Who ou autres comparables mais aussi du Jazz et autres styles musicaux, avec tout ça les bouchons les embouteillages s’amplifient. Donc à chaque château tu es ralenti, même arrêté plusieurs minutes. Mais tu repars bourré d’énergie, et surtout plein d’émotions, dopé par l’ambiance, les images, les décibels et peut-être certains osent dire le breuvage fourni par le château. Mais ce dernier point il n’y a que certains être humains qui le pensent.

Je ne vous citerais pas tous les châteaux visités. Mais j’ai souvenir entre autres d’avoir goûté un excellent Beychevelle, avoir attendu plus de 2 mn pour gouter un Lafite Rothschild et abandonné car trop de monde et trop d’attente, déçu par un Cos d’Estournel trop vert, trop jeune, (évidemment c’était un 2023). Pour ceux qui sont curieux ou intéressés voir la liste sur Internet.

En cinquième point, encore quelques éléments qui sont des ralentisseurs. A la sortie de Saint-Estèphe, 5 à 6 kms avant l’arrivée tu tombes sur un stand de 15 à 20 m de long, tu penses à un ravitaillement, mais il n’y a que des cannelés. On te tend le plateau sur le circuit, certains s’arrêtent au stand. Combien on peut en prendre ? « Vas-y, sers-toi, ce n’est pas limité ». Bon ! je me suis limité à 3, il y a encore des kms avant de finir. Et à coté du stand un camion énorme réfrigéré, quelqu’un ouvre la porte, des milliers de cannelés encore. Quelle image ! impressionnant !

Un km plus loin tu es redescendu au niveau de l’estuaire de la Gironde qu’on va suivre jusqu’à l’arrivée. Et tu profites en descendant de ce panorama magnifique avec vue sur l’autre berge au loin. Et là un animateur personnel avec une sono ultra puissante passe de la musique bien rythmée et il hurle toute les 2 à 3 mm « on ne lâche rien, plus que 4kms, et c’est le plaisir qui vous attend. On ne lâche rien ! on ne lâche rien ». Et tu sens que l’arrivée est proche.

Oui mais un km plus loin encore un stand de ravitaillement. Mais pas comme les autres ! des huitres j’en prend une, deux, trois, bon j’arrête à 6, il faut être raisonnable ! Ah, mais avec les huitres un petit verre de blanc ça passe bien, juste un petit verre. On repart l’arrivée est proche et on est à nouveau « bourré » d’énergie.

C’est vrai que les huitres c’est bien, mais après les huitres, quoi … ? Et bien 1,5 km plus loin encore un stand, au milieu du circuit on te tend de l’entrecôte, de la très bonne entrecôte. Autant aller au stand. Bien tendre, bien chaude, prédécoupée en petit morceau. « Vous êtes à moins de 2 km de l’arrivée, vous pouvez vous servir. On en a prévu 200 kgs ». Et bien je me sers, tout le monde se sert. Elle est délicieuse. Ah mais après une entrecôte, qu’est-ce qu’on boit ? Allez, un dernier verre de rouge. Et c’est reparti. Ouf jusqu’à l’arrivée maintenant. Mais non, il y a encore un stand. On te sollicite, c’est des glaces, très bonnes parait-il de la bouche de ceux qui en ont pris. Heu non j’arrête de manger Merci je n’en prends pas.

Et tu entends maintenant la musique et le speaker de l’arrivée. Et la foule dès 800m avant l’arrivée t’acclame, elle acclame tous les coureurs, que tu sois dans les 1000 premiers ou les 1000 derniers. Et en plus ton prénom est inscrit sur le dossard. Le final, un tapis rouge sur 200m. Quelle arrivée ! Que d’émotions, que d’émotions ! tu peux relâcher enfin, ouf. Médaille autour du cou, avec le sac à dos habituel et la bouteille de qualité en cadeau, on te demande comment tu vas, as-tu besoin de quelque chose ? Ce n’est pas toutes les courses où tu es choyé comme ça.

Mais que d’émotions, que d’émotions, que se soit pendant le parcours ou à l’arrivée. En fait plus qu’un marathon, c’est une sorte de cavalcade où tu es spectateur et acteur en même temps, car tout le monde, oui tout le monde est déguisé et s’amuse. Mais tu cours aussi. Et pour y avoir participé plusieurs fois, en fait tu cours à la même vitesse que sur une autre course. Et tu fais une demie heure ou une heure de plus, parce que tu t’arrêtes aux nombreuses animations plus ou moins forcé et aussi consentant, mais en même temps tu es acteur.

Attention si tu n’apprécie pas les vins, si tu ne veux pas vivre d’émotions fortes, si tu ne veux pas te déguiser, si tu n’aimes pas t’amuser, et si tu n’es pas en mesure de tenir les 42 km en courant, alors ne participe pas et laisse la place aux autres à ceux qui aiment vivre.

Pour les amateurs, une vidéo des organisateurs sur YouTube de 20 mn pour l’ambiance. Mais aussi plein d’autres. En fait tu apprécie avec les yeux, avec ton ouïe, avec tes papilles avec tes jambes.

Vidéo du Médoc: https://www.youtube.com/watch?v=Dz1eiiONOFc